Trop – Jean-Louis Fournier

Trop – Jean-Louis Fournier

Genre : Essai
Editions :
La différence
Nombre de pages :
184


Résumé :

Les murs de la salle d’exposition sont couverts de tableaux, ils sont tous tellement beaux qu’on ne sait plus où donner de la tête, devant lequel s’attarder. Alors, on ne s’attarde pas.
Dans la pénombre, au fond d’une salle, est accroché un seul petit tableau, l’assistance est silencieuse, recueillie. Il s’agit d’un dessin de Raphaël, une vierge belle à se damner. Je m’arrête devant la devanture d’un kiosquier. Les étagères ploient sous le poids des journaux, des revues, souvent jamais lues. Le marchand de journaux est débordé, il n’a plus de place.
Je viens d’acheter un nouveau poste, il me garantit 1350 stations. Je ne peux plus entendre ma radio préférée, il y a trop de stations, elles se brouillent. Sur l’appareil qu’on m’a offert, je peux stocker plus de 1000 chansons. Mon nouveau téléviseur me promet 500 chaînes.
Je suis arrêté dans un embouteillage depuis plus d’une heure, il y a trop de voitures. J’ai voulu acheter les sonates pour piano de Mozart, il y a 50 interprétations. Comment choisir ?
Au supermarché, j’ai compté 40 marques de gâteaux secs. Je n’en ai pas acheté. Le prince a 400 femmes dans son harem, il a l’embarras du choix. Chaque soir, il hésite, se morfond. Quand il choisit une brune, il pense aux blondes, quand il choisit une blonde, il pense aux brunes.
J’ai le syndrome du harem. J’ai le choix, j’ai surtout l’embarras du choix. J’imagine une forêt hirsute, les arbres sont côte à côte, trop serrés, ils s’étouffent, la forêt va bientôt mourir.
On va couper quelques arbres pour mon nouveau livre.
Il sort une centaine de livres par jour, je pense à mon petit livre. Au bout d’une semaine, il va disparaître, écrasé par 600 livres.

Mon prochain livre, je vais l’appeler TROP.

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Veuf – Jean-Louis Fournier

Veuf – Jean-Louis Fournier

Genre : Contemporain
Editions :
Stock
Nombre de pages :
160


Résumé :

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement.
J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »

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